Le monde "clickable"
Si je veux, il me suffit de clicker.
Si je veux savoir, si je veux acheter, si je veux communiquer, si je veux ... je click !
Ce geste tout simple, cette petite pression de l'index sur la touche suffit à me faire entrer dans un monde différent du mien, ce monde qui m'entoure et me surcharge d'informations (dont la grande majorité sera oubliée très rapidement).
Une partie importante d'individus souffre d'infobésité et parfois sans en être vraiment consciente. Le geste automatique qui consiste à se connecter dès que le cerveau n'est pas occupé à une tâche, démontre à quel point l'individu est en recherche. Mais en recherche de quoi ?
Le piéton qui s'arrête au feu rouge pour attendre de traverser : un click.
L'automobiliste arrêté au même feu rouge, l'instant d'après ou d'avant : un click.
L'individu qui attend à la caisse du supermarché : un click.
La moindre attente : un click.
Si l'obésité n'est pas de l'unique responsabilité de celui ou de celle qui en souffre, en est-il de même pour l'infobésité ? Personnellement je n'en suis pas convaincu.
La structure neurologique de notre cerveau n'est pas encore prête pour le traitement si abondant d'informations. Le sera-t-il un jour ? C'est probable mais certainement pas de la manière dont nous l'imaginons. Pour le comprendre, il suffit de partir d'un système simple vers un système complexe. A un moment donné, à l'instant T, le point de rupture est atteint et le système ne peut plus être compris et gérer. Le nombre d'informations et d'interactions est tel qu'il devient impossible de prévoir la moindre rétroaction. Tout au plus est-il possible de le supposer, de l'espérer.
Prenons l'exemple du corps humain, formé au départ par deux cellules. A l'âge adulte, ce n'est pas moins de cent mille milliards de cellules qui opèrent dans le corps. C'est alors l'environnement qui peut influencer le comportement du système. Les derniers résultats de l'épigénétique semble le démontrer.
Quel "bouton" me suffirait-il de clicker pour maigrir à l'information ? Pour redevenir le maître de mes pensées ? Pour digérer avec délectation ce monde merveilleux ? Et si les arbres, les fleurs, les nuages possédaient ce fameux bouton, serions-nous encore assez stupide pour clicker dessus ?
La prochaine fois que vous observerez un nuage, tâchez de reconstruire son histoire et lorsqu'il s'évanouira au vent, n'oubliez pas qu'il est toujours présent, mais sous une autre forme ou dans un autre état. La prochaine fois que vous observerez un arbre, imaginez sa "naissance", sa croissance en pleine terre, l'émergence de ses racines, la montée de son tronc, le déploiement de ses branches, l'arrivée des feuilles. Posez-vous la question de son évolution en pleine nuit alors que vous dormirez, ...
Vous venez juste de clicker sur le bouton conscience.
Bonne journée.
Didier